La construction du chemin de fer

Extrait de la notice historique d'Orival de Henri Saint-Denis p.459-460.

"Un tragique évènement marqua la soirée du 1er janvier 1882. On construisait alors le premier viaduc des Long-Vallons, sur la ligne d'Elbeuf à Rouen, et, pour donner la nourriture aux 150 ou 200 ouvriers qui y étaient employés, cinq cantiniers s'étaient établis aux environs. L'une de ces cantines était tenue par un Italien, nommé Picinini, dont la clientèle était composée en partie d'ouvriers de son pays, qui parce qu'ils travaillaient à bas prix, avaient eu déjà des différends avec les ouvriers français.

Vers neuf heures du soir, un terrassier du nom de Constant Janvier, âgé de 19 ans, entra chez Picinini et demanda à boire ; mais comme il était ivre, la servante refusa de lui verser du liquide. Janvier cria, puis sortit en proférant des menaces.

Cinq minutes après, il revint avec un bande de camarades ; ils firent pleuvoir une grêle de pierres sur la cantine et blessèrent le cabaretier au visage. Picinini essaye de barricader sa porte ; mais il dû bientôt s'enfuir avec sa famille et ses domestiques par une porte de derrière.

Alors commença une scène de véritable sauvagerie. Les agresseurs mirent le feu à la cantine, et janvier armé d'une fourche, se mit à la porte pour empêcher de sortir les Italiens auxquels il en voulait.

La lueur des flammes attira des ouvriers logés dans les cantines voisines, et l'un deux aperçut dans le foyer le cadavre d'un individu brûlé, étendu sur une paillasse qui achevait de se consumer. C'était celui d'un nommé Pouillet, qui, sans doute, avait été asphyxié par la fumée.

Pendant ces évènements, Picinini était allé à Grand Couronne pour requérir la gendarmerie ; mais quand elle arriva sur les lieux, la cantine était complètement anéantie. Elle ne pu qu'arrêter Janvier, qui fut condamné aux travaux forcés."