La
Roche Fouet
La
Roche Fouet mais surtout son château cumulent eux aussi quelques histoires et
anecdotes.
Rappelons brièvement l'histoire et la situation du site. La Roche Fouet est un pan de falaise en saillie surplombant l'ancienne "île Fréret" et donnant vue sur l'autre rive sur la limite entre Saint-Aubin et Cléon au Port Angot. A la fin du XIIème siècle, Richard d'Angleterre dit "Richard Coeur de Lion" souhaite fortifier la Normandie pour contrer Philippe Auguste, il fait ainsi bâtir ou réhabiliter des châteaux forts un peu partout en Normandie (Les Andelys, Arques la Bataille, Montfort sur Risle, Moulineaux, Radepont), Orival en 1195, fait partie de cette série d'édifices et permet de surveiller l'amont de Rouen et les plateaux environnants. Ce château sera ruiné en 1203 à la suite de la condamnation du frère de Richard, Jean de Mortain dit "Jean sans Terre" par Philippe Auguste, pour le meurtre de son neveu, notons que Richard Coeur de Lion est mort le 6 avril 1199 pendant le siège de Châlus, d'une blessure non soignée (alors que l'on savait soigner à l'époque) due à un carreau d'arbalète. Le château Fouet fut parait-il réhabilité à plusieurs reprises par les Anglais lors de la guerre de Cent ans, puis de nouveau ruiné, il aurait également servi de banque de matériaux puis de refuge à des brigands, avant de sombrer définitivement dans l'oubli.
1- Un souterrain à fleur de terre relierait les deux châteaux d'Orival et Moulineaux, éloignés d'environ 5 à 6 kilomètres, au XIXème siècle, une partie de ce souterrain ce serait écroulée ainsi le garde forestier de l'époque y aurait retrouvé des armes et des pièces d'or. Il est à noter qu'il était à l'époque de notoriété publique que ce garde forestier en plus de tomber dans les souterrains, tombait les bouteilles, inutile d'expliquer que personne ne fut jamais capable ni de retrouver la partie effondrée du souterrain, ni de voir les armes et les pièces.
2- Un ancien habitant d'Orival, aujourd'hui décédé, racontait qu'étant enfant, il jouait dans une salle souterraine sous le château dont l'entrée ce situait sous la tour effondrée, principal vestige du château Fouet. Je n'ai jamais tenté de vider le remplissage sous cette tour, les fouilles étant interdites, on ne vérifiera sans doute jamais cette anecdote. On peut noter que cette cavité expliquerait en partie la façon dont les murs se sont effondrés.
3- Dans les années 80 des prospecteurs seraient venus visiter la Roche Foulon,
et outre quelques pièces métalliques sans intérêt, il n'auraient rien retrouvé,
en revanche, ils auraient effectué une détection de cavités avec un "appareil
spécial", je ne suis pas parvenu à savoir comment fonctionnait cet appareil, il
semblerait qu'il y ait une salle quelques mètres sous le plancher, salle qui
représenterait tout la surface du mamelon de la Roche Fouet. Disciple de Saint
Thomas... je ne peux que distribuer ces infos au conditionnel. Là encore, nous
ne sauront sans doute jamais.
4- Les ouvrages nous sauveraient ils? Il semblerait qu'il existât une salle au
Château Fouet servant d'écurie,
en l'absence de fouilles approfondies, on ne
parvint jamais à établir un plan précis du château. Certes, le plan établi par
M. René Houdin ne peut être contredit mais n'étant basé que sur des suppositions,
il est difficile de savoir à quel endroit et à quel niveau ce situa cette écurie. La suite, les spéléos nous en
rapportent des idées (Voir Grotte de la Roche Fouet n°2), notamment par
l'intermédiaire des textes et du passages sur le sujet dans la Notice sur Orival
de M. Saint-Denis p.40-41 :
"Pour avoir déchargé les vins du Roi à la Roche d'Orival, 9 sols
; pour six tonneaux de vin du roi "descendus"1 à Orival (Aureamvallem)
et six tonneaux au château d'Andely, 50 sols 6 deniers, puis 60 sols et encore
60 sols ; pour avoir recerclé les tonneaux du Roi pendant trois ans à Orival, 8
livres 8 sols ; pour avoir disposé des madriers pour "descendre"2 les
tonneaux du rois dans le cellier, 3 sols ; pour deux bancs et fûts, 27 sols ;
pour transport de pierres, 15 livres ; pour avoir percé la roche du coté Seine
et y avoir pratiqué une porte3, 3 livres 7 sols ; pour 50 oies et
leur nourriture pendant deux ans, 9 livres 11 sols ; pour garde de la résidence
du Roi et de la forêt du Rouvray, 20 livres 13 sols 10 deniers. (...) M. Charles
de Beaurepaire croit même qu'il existe là plusieurs salles superposées. Vers
1873, en compagnie de M. Rondeaux de Setry, alors très âgé, il pénétra dans
l'une de ces cavités, par une galerie ayant ouverture sur le flanc du coteau,
mais dont l'entrée est actuellement fermée4.
1- Les tonneaux de vins furent-ils
descendus à la Roche Fouet (puisque quand on vient du plateau on "descend" à la
roche Fouet)? Descendus dans une cave (souterraine...)? ou descendus d'une
roulotte?
2- Là encore a-t-on disposé les
madriers (planches épaisses utilisées pour faire rouler les tonneaux) pour
descendre les tonneaux d'une roulotte, ou dans un cellier sous terre?
3- "Pratiqué une porte dans la roche"
fait clairement penser aux caves du donjon du Château Gaillard, ce qui ferait
penser à une descente vers la Seine comme aux Andelys, de plus quel est
l'intérêt de faire des trous pour rien dans la craie? une ouverture doit donner
quelque part... du moins je le pense, et effectivement on a l'expression, "pour
donner du jour" mais à quoi?
4- Quelle est cette énigmatique
entrée, que l'on ne trouve plus de nos jours? Est ce la voûte que des fouilleurs
on fait tombé en 2003?
La série de trous que l'on distingue dans la falaise et du bas de celle-ci a été
vérifiée entre autre par M. René Houdin (Forteresse médiévale de la Roche Fouet,
p.4) : "Nous sommes descendus en rappel le long de la paroi pour explorer ces
trous, nous n'avons trouvé que des trous d'origine naturelle de quelques
dizaines de centimètres de profondeur."
Même si ces trous ne sont pas liés au
château il me semble impossible en cet endroit qu'une série de trois trous ainsi
disposés soient d'origine karstique, et pourquoi une érosion particulière à cet
endroit?
Sur la topographie établie par
M. Staigre datant du 25 juillet 1983, on constate que la Grotte de la Roche
Fouet n°2 se termine vers 1m50 du bord de la falaise par un nid de branchages.
On sait qu'un couple de faucons pèlerin avait élu domicile quelques temps à la
Roche Fouet est ce leur nid, ou une obstruction volontaire effectuée par
l'éventuel autre extrémité de la cavité? Voilà une piste
intéressante de recherche...
Au niveau de l'observation sur place, on constate un important affaissement de
terrain à l'ouest de la roche Fouet, près de l'à pic (voir photos ci-dessous) est-ce un effondrement d'une des caves? Sur la face
ouest, justement, la voûte encore
existante il y a peu fut détruite par des fouilleurs clandestins vers 2003-2004,
au profit d'un trou béant (Voir photo ci-dessous), on peu remercier ici ces
fouilleurs qui à défaut de trouver des trésors auront permis d'éviter de percer
certains secrets du plan du château Fouet!
Enfin lorsque l'on observe le vestige principal restant les deux murs effondrés
du Nord Est, on constate effectivement que le terrain "descend" sous ces murs,
mais cela annonce surtout que la tour s'étant effondrée sur elle même, si l'on
creuse on risquera de toucher simplement le fond en gravats 1 ou 2 mètres en contrebas.